Sophia Antipolis, comme toute la communauté azuréenne de l’innovation, reste encore sous le choc de l’annonce d’une mise en examen, en fin de semaine dernière, de Betty Seroussi, la co-fondatrice de Travel Planet et par ailleurs co-présidente de la French Tech Côte d’Azur. Une fonction dont cette dernière a démissionné lundi. Dans un communiqué, l’association explique qu’elle prend acte de “la démission, transmise le 6 octobre, de Betty Seroussi de ses fonctions de Co-Présidente. Démission que le Conseil d’administration a acceptée. Cette décision, prise en concertation, a pour objectif de préserver la sérénité et l’intégrité des travaux de l’association dans un contexte sensible”. (Photo DR : Elodie Bondi, à gauche et Betty Seroussi).
“Le Conseil d’administration souhaite exprimer sa position avec clarté et responsabilité en rappelant que notre association, indépendante et à but non lucratif, distingue strictement les activités professionnelles de ses membres de leur engagement bénévole” est-il ajouté dans le communiqué. Dans l’attente du renouvellement du Conseil d’administration prévu fin novembre 2025, Élodie Bondi, CEO de Qualisteo, jusqu’alors co-présidente, assurera seule la présidence de la French Tech Côte d’Azur. Elle devient, à ce titre, l’unique point de contact pour toute question relative à la gouvernance de l’association. Pour la suite, Betty Seroussi avait souhaité il y a quelques semaines ne pas se positionner pour un second mandat.
Quant aux interrogations, elles n'ont pour l'instant pas trouvé de réponse. Elles portent sur les faits qui sont reprochés aux trois dirigeants de Travel Planet et qui ont valu la mise en examen pour “escroquerie, abus de bien social et blanchiment”. De ce que l’on connaît actuellement, le dossier est lié à un conflit commercial avec Air France sur la tarification des billets. En octobre 2018, TourMag, site web consacré au tourisme avait exposé les deux positions dans un article intitulé “L'agence Travel Planet condamnée à payer 100 000 € à Air France” . Si Travel Planet avait été condamnée à payer, il n’avait alors pas été question d’escroquerie, blanchiment et abus de biens sociaux.
De son côté, Betty Seroussi avait, dès 2017, engagé des poursuites judiciaires contre Air France, arguant que la compagnie avait abusé de sa confiance. L’affaire ne semble d’ailleurs pas si simple car les décisions judiciaires se sont succédé en cascade. Ainsi en septembre 2020, toujours dans Tourmag un article, “Air France : la Cour d'appel de Paris confirme le caractère déloyal des pratiques de Travel Planet”, évoque la sixième décision à ce jour dans le conflit entre Travel Planet et Air France, décision qui, "une nouvelle fois, a été rendue en faveur de la compagnie". La question centrale portait sur “un manquement délibéré à la règle de l'intangibilité du prix du billet”. Mais la encore, pas de mention d’escroquerie, ni de blanchiment et d’abus de biens sociaux.
La suite aujourd’hui est bien plus douloureuse avec ces mises en examen pour des motifs graves. Alors acharnement ? Jalousies face au succès fulgurant de Travel Planet et de ses ambitions d’Amazon du voyages d’affaires ? Faits avérés nouveaux que viendraient confirmer les perquisitions? Des réponses sont attendues, entre autres par les 80 salariés de l'entreprise.