David Gurlé, le fondateur de Symphony, “licorne” américaine dont le principal site de R&D est à Sophia Antipolis, va vite dans son nouveau projet de startup Hive, de cloud souverain décentralisé, capable de rivaliser avec les cloud des Gafam (Google, Amazon…). Après avoir installé une équipe à la Bastide Rouge, en juin dernier, puis début juillet avoir réussi une levée de 7 M€ en fonds d’amorçage, il vient d’annoncer hier un partenariat sur quatre ans avec Inria. C’est ce partenariat qui doit lui permettre de répondre aux défis technologiques de la création d’un cloud reposant sur des réseaux peer to peer. (Photo WTM : David Gurlé, en juin, lors de l'annonce de son implantation à Cannes).
Utiliser les ressources inexploitées des ordinateurs des clients
Il s’agit d’utiliser les ressources inexploitées des ordinateurs des clients, partout dans le monde (votre ordinateur quand vous ne vous en servez pas, votre téléphone dans votre poche…) tout en offrant, à partir de ressources que l’on ne peut pas contrôler, une continuité de service, des performances et un niveau de qualité élevé.
Cette multitude de ressources inexploitées et ainsi “recyclées”, seraient en quelque sorte les “serveurs” de Hive et hébergeraient le système. Une approche qui évite l’utilisation d’énormes centres de données, qui serait donc peu gourmande en électricité, réduisant ainsi sensiblement les coûts. Ce qui permettrait en retour, de développer une offre Cloud pour les particuliers à un niveau de prix très bas. “Quasi gratuit” a précisé David Gurlé dans une interview à BFMTV.
De gros défis technologiques à surmonter
Côté sécurité, “les fichiers sont encryptés de bout en bout par un algorithme post-quantique”, tandis qu’”une clé d’encryptage garantit un accès exclusif où que soit logées les données", assure David Gurlé. Autant de défis technologiques à surmonter pour lesquels l’Inria apportera ses compétences. Huit doctorants, postdoctorants et ingénieurs vont ainsi être recrutés au sein de trois équipes-projets de l’Inria. Parmi les points critiques à étudier figurent la réparation des données dans le cas d’une défaillance, la simulation d’un réseau de plusieurs millions de nœuds ou encore l'autorisation des données sans système centralisé de contrôle.
Il est prévu que les deux partenaires investissent. Hive, de son côté, a annoncé une enveloppe de 2 M€ dans les quatre prochaines années. Ce nouveau service cloud devrait commencer à s’ouvrir aux particuliers dans le courant de l’année prochaine puis, en 2024, sera élargi progressivement aux professionnels, entreprises d’abord petites, puis grandes. Pour David Gurlé, Hive va ainsi conduire à une rupture à la fois technologique et économique et répondre au besoin d'un cloud européen souverain.