Fidèle aux matériaux bruts, l’architecte Pierre Fauroux avait une prédilection pour le béton et l’acier, la recherche d’une cohérence “intime” entre la logique de la forme, issue de volumes simples… (le cylindre, le prisme…), le travail sur la lumière naturelle, le dessin des détails et la création d’une ambiance spécifique à chaque programme. C’est ce quI avait été souligné lors de l’attribution du Prix Archinovo en 2011 pour la Maison Vercors, près de Grenoble. Mais c’est sur la Côte d’Azur et particulièrement à Sophia Antipolis que le Cannois Pierre Fauroux, décédé le 13 décembre à l’âge de 80 ans, a marqué le paysage architectural. (Photo DR : Pierre Fauroux)
Des réalisations emblématiques sur la Côte
Diplômé de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich, il a été le chef de file d’une nouvelle génération d’architectes en Provence-Alpes Côte d’Azur. La technopole lui doit les bureaux de Micromania, réalisés en 1990 et repris voilà quelques années par Mercedes pour y faire son centre de design européen. Pierre Fauroux a signé également le programme emblématique d’Eglise-Mairie à Garbejaire dont les plans ont été exposés au Centre Pompidou en 1991 et à la Biennale de Venise en 1992. Il a été également remarqué pour l’école de Mouans-Sartoux, projet qu’il avait mené avec l’architecte tessinois Bruno Keller.
Caractère bien trempé, ce chantier l’avait amené à beaucoup ferrailler avec le maire de l’époque André Aschieri. Autre réalisation, elle, plus méconnue : il a joué un rôle décisif dans le sauvetage de la villa E-1027 d’Eileen Gray et Jean Badovici à Roquebrune-Cap Martin. Il s’est également illustré dans le domaine des maisons privatives comme la maison MORO à Mouans-Sartoux. Pour l’ensemble de son oeuvre, le Prix Spécial du concours ArchiCOTE lui avait été remis en 2016.
Son dernier chantier : la remise en fonction de l'Eglise-Mairie dans sa conception initiale
Passionné d’architecture, Pierre Fauroux a enseigné à l’École nationale supérieure d’Architecture de Marseille. Certains se souviennent de lui comme d’un professeur exigeant qui interdisait à ses étudiants d’aller à la bibliothèque au moment de concevoir pour ne pas se laisser infléchir à cet instant fondateur et parce que l’architecture n’ayant du sens que sur le terrain qu’elle habite, elle doit s’imaginer selon les contraintes du lieu. Il restait fidèle aussi au papier à carreaux, à la gomme et au crayon qui sont les meilleurs outils selon lui pour faire un plan à l’échelle, lorsque l’on n’a pas une table à dessin ou un ordinateur.
Diminué par la maladie depuis une bonne année, il s’était fait aider par un ami architecte pour terminer le projet de remise en fonction de l’Eglise-Mairie que lui avait confié la commune de Valbonne. Il y a consacré ses dernières forces. Un projet qui est lancé et qui devrait aboutir d’ici la fin 2024 avec la réouverture des espaces réaménagés dans leur conception initiale pour des expositions, des concerts et autres animations. L’achèvement de cet ultime chantier serait le meilleur hommage qu’on puisse rendre à cet architecte exigeant, percutant, qui a contribué à faire entrer la Côte dans l’histoire de l’architecture du 20ème siècle. Ses obsèques auront lieu mardi 26 décembre à 12h30 au Crématorium de Cannes.
Photo DR : l'Eglise-Mairie de Valbonne à Garbejaire.
Photo DR : l'intérieur du centre de design de Mercedes, l'un des bâtiments emblématiques de Pierre Fauroux à Sophia.