La RSE dans les startups ? C'est l'objet du premier Baromètre européen des pratiques responsables en startup, que vient de publier INNOVA Europe (coalition fondée par l’EDHEC, l’ESMT Berlin et POLIMI Graduate School of Management). Il dresse un état des lieux inédit de l’entrepreneuriat responsable sur le continent. Menée auprès de 433 startups européennes, l’étude montre que 81 % d’entre elles ont engagé des actions sur au moins un des quatre piliers du développement durable : Environnemental, Social, Gouvernance et Civique. La dimension sociale est la plus investie (bien-être des employés, marketing responsable), suivie de la gouvernance et de l’environnement, souvent porte d’entrée de la démarche. En revanche, le pilier civique, qui concerne les initiatives au service de la communauté, reste encore peu prioritaire. (Photo DR : le campus de l’EDHEC Nice. L’école de commerce est à l’origine, avec EURECOM et Mines Paris de l’incubateur sophipolitain Techforward).
Un engagement réel, mais encore peu mesuré
Si l’intention d’agir est bien présente, le suivi reste le maillon faible. Seules 28 % des startups mesurent l’impact de leurs actions via des indicateurs de performance (KPIs). Ce chiffre atteint 64 % dans les structures en phase d’expansion, mais chute à 27 % dans les jeunes pousses en prototypage. Le manque de ressources financières (69 %) et de temps (58 %) est le principal frein cité, avec des disparités selon les pays : les Français invoquent surtout le manque de temps, les Allemands la contrainte budgétaire, et les Italiens la concurrence avec d’autres priorités business. Cette difficulté à structurer la mesure d’impact empêche les startups de démontrer leurs progrès ou d’intégrer pleinement la responsabilité dans leur stratégie.
La pression des parties prenantes, moteur de transformation
Le baromètre souligne aussi le rôle décisif de l’écosystème. Les startups sollicitées par leurs clients, investisseurs ou incubateurs sont deux fois plus nombreuses à suivre leurs indicateurs ESG. Dès la Série A, cette pression devient la norme : 83 % des startups reçoivent des demandes d’informations sur leurs pratiques responsables. Pour Yasmine Machwate, responsable des incubateurs à l’EDHEC, la responsabilité ne doit plus être perçue comme “un sujet de communication ou de conformité réglementaire”, mais comme “un véritable levier de différenciation et de performance à long terme”. Avec ce baromètre, INNOVA Europe ambitionne d’outiller l’écosystème entrepreneurial européen – écoles, incubateurs, fonds d’investissement – pour faire des startups un vecteur clé de la transition environnementale et sociétale.