Quelles sont les avancées des femmes dans la gouvernance des grandes entreprises ? Depuis 2007, avec l’Observatoire SKEMA de la féminisation des entreprises qu'il a fondé, Michel Ferrary, chercheur affilié de l’école de commerce, suit pas à pas les progressions de la mixité avec une intime conviction : ”la mixité dans les entreprises du CAC40 n’est plus seulement une question d’égalité : elle est un véritable moteur de création de valeur économique et sociétale”. Les résultats de ce travail sont présentés chaque année à l’approche de la Journée de la Femme, début mars. (Photo DR : Michel Ferrary)
Une progression de la parité dans les entreprises françaises
Réalisée à partir des données des documents d’enregistrement universel 2024 des entreprises du CAC40, l’édition 2025 de l’Observatoire SKEMA de la féminisation des entreprises vient aussi de livrer ses conclusions. Sont mises en lumière cette année les premiers effets de la loi Rixain ainsi que les contributions clés de la mixité à la performance économique et à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
La loi Rixain, qui impose un quota de 30 % de femmes dans les Comex d’ici 2026 et 40 % d’ici 2029, accélère la progression de la parité dans les entreprises françaises. En dix ans, la proportion de femmes dans les comités exécutifs du CAC40 est passée de 9,5 % en 2014 à 27,98 % en 2024, avec des leaders comme Engie, Kering et Schneider Electric dépassant déjà les 40 %. Cette dynamique réduit progressivement le plafond de verre, rapprochant la représentation des femmes dans les Comex de leur part parmi les cadres.
Un levier puissant de performance sociétale et environnementale
La mixité dans l’encadrement est un levier puissant de performance sociétale et environnementale. Les entreprises les plus féminisées affichent une réduction de 41,66 % des risques sociétaux et une diminution de 79,65 % des risques environnementaux. Sur le plan économique, les entreprises avec une féminisation élevée de leurs cadres ont une rentabilité opérationnelle supérieure de 107,46 % par rapport aux moins féminisées, démontrant un lien fort entre diversité et résilience financière. Malgré ces avancées, des disparités persistent, notamment au plus haut niveau : seulement 6,25 % des PDG du CAC40 sont des femmes et certaines entreprises, comme EssilorLuxottica, n’ont encore aucune femme dans leur Comex.
Les conclusions de l’Observatoire ? Elles mettent en avant un constat central : la mixité, en élargissant le vivier de talents et en diversifiant les points de vue, améliore la prise de décision, la créativité et la stabilité des organisations. Ces éléments, combinés à une meilleure performance RSE, renforcent la résilience, la compétitivité et l’attractivité sociale des entreprises. Recruter et promouvoir des femmes est essentiel pour répondre aux attentes des parties prenantes (clients, investisseurs, institutions publiques) et stimuler l’innovation.