Capgemini, Thales et Thales Alenia Space, ont été sélectionnés par le CNES, pour lancer "U DESERVE 5G", une démonstration pionnière visant à tester la 5G directe par satellite (Direct-to-Device, D2D). L’objectif : permettre à un smartphone ou à un terminal fixe de se connecter directement à un satellite en orbite basse, sans passer par une station sol. Le projet, soutenu par le plan France 2030, mobilise une dizaine de partenaires, dont Orange, SES et Qualcomm, et s’appuie sur une charge utile 5G innovante intégrée dans un satellite de démonstration. (Photo 5G Skytower LEO satellite ©Thales Alenia Space).
Cette avancée technologique doit valider l’interopérabilité entre réseaux terrestres et non terrestres, un enjeu majeur pour garantir une couverture mondiale fluide et continue. Les cas d’usage envisagés vont de la connexion haut débit dans les zones non desservies aux services de secours en cas de catastrophe, en passant par le suivi de l’Internet des objets (IoT). Selon Thales Alenia Space, ce projet capitalise sur deux décennies de travaux de normalisation de la 5G par satellite, auxquels le groupe a largement contribué.
Le lancement de cette expérimentation s’inscrit dans un contexte de forte effervescence mondiale autour de la 5G non-terrestre. Aux États-Unis, SpaceX collabore avec T-Mobile pour tester la 5G directe aux smartphones via sa constellation Starlink. De son côté, AST SpaceMobile a déjà réalisé des appels en 5G depuis l’espace avec AT&T. En Asie, des initiatives menées en Chine et au Japon explorent également l’intégration de satellites en orbite basse dans l’écosystème 5G. Dans ce paysage concurrentiel, la démonstration française vise à positionner l’Europe et la France comme des acteurs de premier plan, capables d’offrir des solutions souveraines et sécurisées.
Au-delà de la prouesse technologique, "U DESERVE 5G" illustre un virage stratégique : la convergence des réseaux terrestres et spatiaux. Avec l’appui du CNES et de France 2030, ce projet pourrait préfigurer une nouvelle génération de services télécoms universels, capables de connecter aussi bien les habitants des zones rurales isolées que les infrastructures critiques en situation de crise. La France entend ainsi jouer un rôle moteur dans la définition des standards et dans la création d’un marché mondial estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros au cours de la prochaine décennie.